Et si les séances d’EMDR sont trop difficiles à supporter pour moi ?

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une thérapie largement reconnue pour son efficacité dans le traitement des traumatismes et des souvenirs douloureux. Cependant, certaines personnes peuvent appréhender l’intensité émotionnelle de la confrontation au traumatisme ou redouter une précédente expérience trop intense vécue en thérapie.

Cette question de la difficulté à supporter les séances d’EMDR mérite donc une attention particulière, car bien que l’EMDR soit une méthode thérapeutique puissante et dont l’efficacité a été validé scientifiquement et cliniquement, elle peut parfois être vécue intensément.

Mais rassurez-vous, au mains d’un praticien chevronné, plusieurs stratégies permettent d’aborder cette thérapie de manière plus douce et adaptée à votre rythme.

Pourquoi l’EMDR pourrait être difficile ?

L’EMDR consiste à travailler sur des souvenirs traumatiques ou douloureux afin de les « retraiter ». Ces souvenirs sont souvent liés à des émotions intenses comme la peur, la tristesse, la honte ou la colère. Ainsi, revivre certains de ces souvenirs durant la thérapie peut provoquer un inconfort émotionnel, parfois difficile à gérer pour le client. Il est essentiel de comprendre que ce processus est normal. La réactivation des émotions fait partie intégrante du traitement dont le but est justement de réactiver le traitement adaptatif de l’information et permettre à votre cerveau de « digérer » l’évènement traumatique. Toutefois, si cela devient trop intense, des solutions existent.

Des ajustements thérapeutiques possibles

Si les séances d’EMDR particulièrement éprouvantes, en parler est la première étape pour pouvoir adapter le rythme à vos besoins individuels. Voici quelques pistes possibles :

1. Fractionner les séances :

Il est possible d’ajuster le déroulement de l’accompagnement en fractionnant les souvenirs traumatiques en plusieurs segments. Cela permet de les aborder progressivement.

Il peut également être utile de faire des pauses dans les séances et de les espacer en fonction du besoin ressenti. Votre bien-être est primordial.

2. Techniques de stabilisation :

Avant d’entrer pleinement dans le travail d’EMDR, il est important de s’appuyer sur des techniques de stabilisation. Il s’agit de méthodes de gestion émotionnelle, telles que les techniques de respiration ou la visualisation sécurisante, qui permettent de renforcer votre sentiment de sécurité avant et pendant la séance. Ces techniques aident à réduire l’intensité des émotions ressenties pendant la séance et entre deux séances successives.

3. Les protocoles adaptés :

En plus du protocole standard développé par Dr. Francine Shapiro, l’EMDR s’est enrichi de la recherche en neuroscience et de l’expérience clinique de noubreuses équipes de recherche. Parmi les travaux les plus intéressants, il y a ceux menés par Dr. Stéphanie Khalfa et Dr. Guillaume Poupard pour développer un protocole plus confortable pour les patients ainsi que ceux menés par Dr. Olivier Piedfort-Marin pour la prise en charge des traumatismes complexes. Ces approches sont fondées sur l’intégration de différentes approches psychothérapeutiques permettant de moduler le travail selon la tolérance émotionnelle du patient.

La confiance dans la relation thérapeutique

Un autre élément fondamental est la confiance dans la relation thérapeutique. Si vous vous sentez en sécurité avec la personne qui vous accompagne, il sera plus facile de traverser les moments émotionnellement difficiles. L’EMDR est une thérapie collaborative, et vous avez toujours la possibilité de contrôler le rythme des séances.

Si vous craignez que les séances d’EMDR soient trop difficiles, il est important de se rappeler que la thérapie est adaptable. Des ajustements peuvent être faits, et des méthodes complémentaires peuvent être introduites pour faciliter le processus. N’hésitez pas à partager vos inquiétudes à votre accompagnant afin d’élaborer ensemble une approche qui respecte votre rythme et votre capacité à gérer les émotions.

Et bien entendu, si vous ne vous sentez pas suffisamment en confiance, n’hésitez pas à changer d’accompagnant. Il est possible d’aller mieux, de traverser les traumatismes psychiques, de passer de la survie à la vie. C’est votre thérapie, votre cheminement à vous. C’est important de le vivre dans les conditions les plus respectueuses de votre bien-être.

Bibliographie :

– Shapiro, F. (2001). « Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR). Basic Principles, Protocols, and Procedures ». Guilford Press.

– Korn, D. L., & Leeds, A. M. (2002). Preliminary evidence of efficacy for EMDR resource development and installation in the stabilization phase of treatment of complex posttraumatic stress disorder. Journal of Clinical Psychology.

– Khalfa, S, & Poupard G. (2020). A new pain-free psychotherapy for psychological trauma. Am J Psychother.

– Piedfort-Marin O., & Reddemann L. (2016). Psychothérapie des traumatismes complexes. Editions Satas.